La réforme du Lycée : Le grand marché des spécialités
COMMUNIQUÉ La réforme du Lycée : Le grand marché des spécialités
Ça y est ! Les élèves de première des lycées généraux découvrent la réforme de M. Blanquer : la souplesse tant vantée des choix des spécialités, la disparition des séries que chacun connaissait, L, ES et S, et un bac « nouvelle formule » où seront prises en compte les notes obtenues tout au long de l’année.
Mais qu’en est-il vraiment ?
Chaque élève a bien dû se contenter des spécialités que proposait son lycée de secteur ; et là, c’est la loi du marché : les spécialités très demandées subsisteront, d’autres, peu choisies, ont de grandes chances de disparaître l’an prochain, diminuant encore le fameux « choix ». De nombreux postes, d’ailleurs, ont déjà été supprimés dès cette année. De plus, ce pseudo choix autonome, nous pouvons le remarquer dès maintenant, renforce le poids des stéréotypes sociaux, les stéréotypes filles-garçons : personne n’a réellement aidé nos jeunes à faire ce choix et ils sont restés bien souvent dans les préjugés.
Cette « souplesse » a, de plus, généré la disparition du groupe classe. De nombreux élèves ont comme professeur principal un enseignant qu’ils ne verront jamais en cours ! Comment travailler son orientation, sa poursuite d’études dans ces conditions ? On ne s’étonnera pas, d’ailleurs, que cette fonction ne remporte plus l’adhésion des enseignant·e·s et que de nombreux lycées manquent de professeurs principaux.
À ce jour, les lycéen·ne·s ne connaissent toujours pas les modalités du nouveau contrôle continu, le bac « nouvelle formule ». Mais ce qui est sûr c’est que l’anxiété est bien présente car ils savent bien, eux, que l’on n’est pas évalué de la même façon partout et qu’à ce jeu, ils·elles ont de fortes chances d’être perdant·e·s.
Une fois de plus, ce gouvernement de La République En Marche s’inspire des théories libérales pour mettre le jeune et ses parents en situation de « consommer » le lycée et c’est avec beaucoup de cynisme qu’il compte sur les choix stéréotypés pour contraindre son budget et laisser toute latitude à chacun d’opter pour la solution qui permettra un « vrai choix » : un lycée privé bien sûr ! Contraint par aucune carte scolaire, où chacun·ne pourra vraiment choisir ce qu’il a envie de faire… à condition de payer.
Pour le Parti socialiste, le lycée est le lieu de la construction de l’autonomie du jeune, de son émancipation. Le jeune est au centre des choix d’organisation effectués.
Dans cette réforme, où est l’intérêt du jeune ?
Certes, le lycée d’hier était bien à retravailler mais dans la perspective de faire de nos lycéen·ne·s des citoyen·ne·s et non des consommateurs-trices pris·se·s dans un système de concurrence.
Delphine RABU, Anne BOYÉ et Valérie LIEPPE
Membres du Bureau fédéral, groupe de travail « Éducation »