Édito du 30 septembre 2022
ÉDITO Trois leçons italiennes
Dimanche 25 septembre, le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) est arrivé en tête des élections législatives avec 26,4% (contre 4,4% en 2018). Avec ses alliés de la Lega (9% des voix contre 17% en 2018) et de Forza Italia (7% des voix), Fratelli d’Italia va donc diriger le pays à la tête de cette alliance d’extrême droite. Sa leader, Giorgia Meloni, va devenir présidente du Conseil des ministres. L’Italie n’est pas la France. Le scrutin est différent puisqu’il mélange un vote majoritaire et un vote à la proportionnelle. Le pays est une fédération dans laquelle les régions ont des compétences et des poids politiques importants. Il est cependant possible de tirer trois leçons de cet inquiétant succès de l’extrême droite.
Tout d’abord, la désunion à gauche est fatale. Le Partito Democratico, parti de gauche, a rassemblé 19,4% des voix (contre 18,5% en 2018). Son ancien allié, le Mouvement 5 étoiles, parti d’une gauche plus radicale, pour résumer à gros traits, a totalisé 15% des suffrages (33% en 2018). S’ils avaient su s’unir autour d’un programme commun, ils auraient été en tête.
Ensuite la gauche italienne a eu du mal à parler aux classes populaires. La gauche française connait, malheureusement, les mêmes difficultés.
Les sujets sont nombreux : emploi, pouvoir d’achat, sécurité, justice, mondialisation, transition écologique, Europe, etc. La radicalisation du débat politique, une certaine forme d’hystérie médiatique ; rendent difficile l’expression sur des sujets complexes qui méritent analyse, nuance et pédagogie. Nous devons trouver le chemin pour nous adresser à ces classes populaires, à cet électorat qui attend de nous des propositions, des solutions concrètes et qui par dépit se tourne vers l’extrême droite.
Enfin, il nous faut nous poser la question de l’incarnation. Il nous faut trouver une ou un tribun capable de défendre avec les mots de la passion les choix de la raison. Il faut une femme ou un homme capable de traduire en termes simples la complexité du monde. Giorgia Meloni est vraisemblablement une tribun, mais elle a défendu avec passion les choix de la déraison (anti-UE, anti-IVG…). L’épreuve du pouvoir va lui être difficile.
Il ne s’agit pas d’espérer la femme ou l’homme providentiel mais de trouver celle ou celui qui saura se faire la/le porte-parole d’un travail collectif à gauche et se faire entendre du plus grand nombre, sans démagogie, sans populisme, mais avec détermination et conviction.
Je veux terminer ce billet en rendant hommage au courage des femmes iraniennes en lutte contre la dictature des ayatollahs et en rendant hommage aux dizaines de manifestant·e·s tué·e·s par la dictature qui règne à Téhéran. Un rassemblement solidaire avec les femmes iraniennes est prévu lundi à 18h au miroir d’eau à Nantes.