Édito du 14 octobre 2022

 ÉDITO  Le dialogue social

Une société démocratique a besoin de dialogue. C’est vrai en général et c’est tout aussi vrai en matière sociale. Le ministre du travail et le patron de Total vont exactement à l’inverse, avec une obstination insensée.

Le premier veut faire voter une réforme de l’allocation chômage. Son projet méprise le Parlement. Il vise à autoriser le gouvernement à réformer par décret de façon à éviter tout débat devant les assemblées. L’intention du texte est de moduler l’indemnisation et sa durée en fonction de l’état du marché du travail. S’il y a beaucoup de chômage, l’indemnisation est élevée et sa durée est longue. En période de pleine activité, ce sera l’inverse. C’est croire en la vertu unique des mécanismes de marché en oubliant que les femmes et les hommes ne sont pas des marchandises interchangeables. C’est négliger que près de 700 000 chômeurs ne demandent pas leur indemnité. C’est oublier qu’il est difficile de déménager pour trouver une embauche si la famille ne peut pas suivre. C’est enfin, ne pas se souvenir qu’un emploi bien payé, de bonnes conditions de travail et une reconnaissance de l’effort fourni sont des attraits plus efficaces que la menace d’une fin d’allocation.

Réformer par décret c’est, de plus, tourner le dos à l’histoire de notre pays. La Sécurité sociale, les caisses de chômage, les caisses d’allocations familiales sont gérées paritairement par les employeurs et les salariés. Statuer par décret c’est affaiblir cet exercice de démocratie sociale.

Le patron de Total, quant à lui, ne sait pas que le dialogue passe par le respect de l’interlocuteur. Exiger la fin de la grève pour s’asseoir à la table des négociations n’est pas la façon la plus habile de commencer à discuter. Mais annoncer par voie de presse, avant toute discussion, des augmentations et des primes est un acte de mépris à l’égard de l’interlocuteur. Ça ne peut que durcir les positions, ce qui est en train de se passer.

Au-delà du conflit des raffineries, il faut une autre politique pour notre pays. C’est le sens de la marche du dimanche 16 octobre à laquelle le Parti socialiste est associé, sans nous substituer à l’action syndicale.

Dominique Raimbourg, Premier secrétaire fédéral