Édito du 09 septembre 2022

 ÉDITO  Financer la transition et la solidarité nationale

À l’heure où la question du financement de la transition climatique est posée dans le débat public, je me suis souvenu d’un article de Ouest-France en mars dernier qui m’avait marqué.
M. Gilles Martin, PDG de la société Eurofins y était interrogé en lien avec la crise sanitaire car sa société est leader dans les tests biologiques. Elle est nantaise d’origine et c’est une belle aventure industrielle. Il avait anticipé la crise du Covid et Eurofins a su répondre à la demande de tests. Bien inspiré, le journaliste lui demandait pourquoi la société était maintenant domiciliée au Luxembourg. La réponse est merveilleuse, un modèle du genre : « Le Luxembourg a une stabilité fiscale supérieure ». Que ces vilaines choses sont dites avec élégance !

Traduisons : l’entreprise a réalisé un gros chiffre d’affaires grâce aux tests payés par la Sécurité sociale et donc financés par les cotisations des citoyen·e·s français·e·s. La domiciliation au Luxembourg fait bénéficier d’un taux d’impôts, très bas, sur les sociétés. Le montage fiscal est sans doute légal, mais cela reste minable de profiter de la richesse commune en refusant d’y contribuer.
Le rappel de cette information est important à l’heure du débat sur la taxation des super-profits, à l’heure où le besoin d’argent et d’intervention publique est immense. Il sera inéluctable de définir ce qu’est un super-profit, chose complexe techniquement. Mais la taxation est indispensable. En effet la transition écologique va certes créer des emplois : dans l’éolien, le photovoltaïque, l’isolation des bâtiments, etc. mais elle va également en détruire, ne serait-ce que dans l’automobile, la fonderie pour construire des blocs-moteurs, etc. Il sera indispensable de financer des dizaines de milliers de reconversions industrielles.
Par ailleurs dans les périodes de crise et de transition, les services publics sont essentiels. Il s’agit de les soutenir financièrement, de les étendre, de financer la recherche et de financer la lutte contre le dérèglement climatique.
Il faut donc taxer les super-profits. Il est indispensable de lutter contre l’évasion fiscale et de mettre fin aux paradis fiscaux européens : le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Irlande qui sont membres de l’Union européenne puis la City de Londres et les Îles Anglo-normandes.
Le ministre de l’Économie a déjà exprimé son opposition à cette taxe sur les super-profits. Alors, même si la Première ministre a nuancé les choses en affirmant « ne pas fermer la porte » à cette idée, on mesure bien qu’il va falloir nous mobiliser aux côtés de nos parlementaires pour imposer cette contribution exceptionnelle à la solidarité nationale et à la préparation de l’avenir.
Dominique Raimbourg, Premier secrétaire fédéral.

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